En 2013, le programme des Nations Unis pour l’environnement a réalisé une analyse de terrain post-conflictuel en Côte d’Ivoire et a identifié plusieurs problématiques relatives au développement durable qui sont toujours présentes aujourd’hui : la pollution des eaux, la déforestation et les exploitations minières non environnementales. Pour le côté humain, des enfants continuent à travailler dans les champs agricoles de cacao. Et certaines exploitations minières ne sont pas autorisées et ne respectent donc pas les recommandations sanitaires et de sécurité, créant des conséquences néfastes pour les travailleurs.
Le rôle du gouvernement
L’Etat promeut aujourd’hui les pratiques de la RSE et du développement durable dans les entreprises ivoiriennes. En effet, en 2011, le gouvernement a publié un code ivoirien de gouvernance d’entreprise et de responsabilité sociétale. Il promeut certains principes comme celui d’assurer une croissance durable grâce à la transparence et la responsabilité. Cette responsabilité regroupant par exemple les enjeux de l’environnement et de la communauté. La révision de ce code a eu lieu en 2016 pour le mettre à jour aux standards internationaux et aux nouveaux enjeux RSE que doit affronter le pays.
Le code de bonne gouvernance viendra compléter ce code. Il sera mis en oeuvre en Janvier 2019. Son but est d’impulser les investissements en renforçant les pratiques de gouvernance des entreprises, et permettre ainsi de mettre en place une confiance entre eux. Ce code devrait également permettre de favoriser la compétitivité des entreprises sur le marché domestique, régional et à l’international.
Trente-trois entreprises sont cotées à la bourse BRVM. Une bourse qui a signée la convention “sustainable stocks exchange” des Nations Unies et doit ainsi promouvoir au sein des entreprises côtées la pratique des rapports non-financiers et de la transparence. Environ la moitié de ces sociétés sont ivoiriennes et pratiquement aucune d’entre elles n’ont de rapports non-financier. Par contre, il est pratiquement toujours possible de lire des informations sur la RSE sur leur site web. Sucrivoire fait partie des sociétés ayant un rapport non-financier dont le dernier en date est de 2014.
L’enjeu du cacao
La Côte d’Ivoire produit 40% de la production mondiale de cacao. Il est ainsi le 1er producteur et exportateur mondial, avec une production annuelle de l’ordre de 1 200 000 tonnes.
Le cacao engendre deux problèmes majeurs en Côte d’Ivoire, celui de la déforestation (15 millions d’hectars en 1960 et seulement 3,7 millions aujourd’hui) pour agrandir les terres cultivables; et le travail des enfants.
En 2015, des plaintes collectives ont été mises en place contre les grands groupes chocolatiers pour l’esclavage des enfants. Ce qui a généré au sein des entreprises plusieurs programmes RSE:
- Mondelez International et son programme cocoa life.
- Cémoi et son programme transparence cacao.
- Nestlé et son programme cocoa plan.
- Barry Callebaut et son programme cocoa horizon.
- Cargill et son programme cocoa promise.
Ces programmes ont pour but de rendre les terres durables ; d’aider la communauté en arrêtant le travail des enfants et de former les agriculteurs sur les bonnes pratiques agricoles durables. Par contre, ces rapports ne reflètent pas l’impact environnemental négatif de leurs opérations au sein des unités présentes dans le pays.
C’est 5 entreprises sont de nationalités étrangères à la côte d’ivoire. Tandis que Choco Ivoire, unique société de broyage ivoirienne ne semble pas avoir rédigé de rapport RSE.
En Côte d’Ivoire, nous avons aussi la présence d’ONGs et d’organismes gouvernementaux pour répondre à l’enjeu de la RSE sur le cacao:
- International Cocoa Initiative (ICI) est une ONG créée en 2002 pour protéger les enfants et les communautés dans les régions cacaoyères.
- Conseil Café Cacao est un organisme gouvernemental qui tente aussi de limiter le travail des enfants.
L’enjeu des mines
Depuis les années 1980, la Côte d’Ivoire diversifie son économie en exploitant ses ressources minières. Aujourd’hui, l’Etat pense pouvoir devenir concurrentielle et le plus important de la région dans le domaine des mines.
Plusieurs enjeux peuvent être constatés. Pour commencer, celui de la déforestation, de la pollution de l’eau et de la contamination chimique principalement causées par les mines artisanales. Une coopération entre les mines industrielles et les mines artisanales permettrait une meilleure gestion de l’environnement.
Dans un communiqué, le ministre de l’industrie et des mines a renouvelé la convention permettant à LGL Mines de continuer à exploiter les mines d’or à Bonikro. En le renouvelant, il a précisé que la compagnie devra continuer à protéger l’environnement en ayant des activités RSE au niveau de la communauté voisine. Cela souligne l’importance qu’accorde le gouvernement à ce sujet.
L’Etat a également mis en place un nouveau code minier en 2014. Les nouvelles dispositions demandent une certaine transparence, et introduisent des obligations relatives entre autres à l’emploi et formation du personnel ivoirien, ou encore à la protection et réhabilitation de l’environnement . Les titres autorisants l’exploitation des mines ou sa recherche pourront être annulés si la compagnie ne respecte pas le développement communautaire ou l’environnement. Pour soutenir ces actions, un groupement Professionels des Miniers de Côte d’Ivoire (GPMCI) a été créé.
En résumé,
Aujourd’hui, beaucoup d’intervenants influencent l’éco-système de la RSE et du développement durable au niveau du secteur privé, principalement dans le secteur du cacao et des mines. Des initiatives telles que les réglementations évoluent dans ce sens ce qui pousse les entreprises à être plus sérieuses quant à la gestion de leur impact social et environnemental négatif.